Alex Chevalier

« Open Studio » résulte d’un moment de recherches formelle et picturale effectuées par l’artiste lors de sa résidence. Trois étapes se sont succédées avant l’ouverture de l’atelier, celle-ci constituant la quatrième. Durant ces quatre phases, les œuvres sont créées et différemment mises en espace, produisant de la sorte des tensions et des évolutions dans leur perception. Proches des site specific projects de l’Art minimal, elles sont issues d’une réflexion constante sur l’espace. Elles revêtent toutes également les préoccupations d’Alex Chevalier, à savoir la mise en avant de la picturalité ainsi que l’économie de geste et de moyen. 

Différentes interventions ont pris place au sein de l’atelier au fur et à mesure de la résidence. Dans celles-ci, le dessin, un des médiums privilégiés, interroge la surface soit en la recouvrant totalement sans jamais la déborder (Intervalle), soit en la délimitant par la pose de lignes à même le sol ou sur les murs. Ainsi, dans Déplacement/Espace, un grand carré blanc, tracé à l’aide de scotch, s’inscrit sur le dallage de l’atelier. Prenant la dimension des dalles, il se décale du quadrillage et instaure de la sorte un dialogue visible et silencieux entre le sol, l’œuvre et la position du visiteur. 

Avec une économie de moyens – les supports sont principalement trouvés –, Alex Chevalier appréhende l’espace. Il le construit et le déconstruit. Puis il le reconstruit à nouveau, créant des ouvertures ou des séparations, comme avec ces rideaux faits à partir de sacs-poubelle. Il rythme l’atelier, chaque œuvre étant à la fois une réponse à l’espace et aux autres travaux présents. Les mêmes rideaux marquent la verticalité en répondant à la hauteur du plafond mais les trois bandes sont distancées les unes des autres par un interstice qui crée un jeu visuel avec celui présent dans Intervalle et dans Lignes. Enfin, les œuvres soulignent aussi les éléments architecturaux du lieu. Par exemple, Maintien est réalisé à partir d’une couverture de survie sur rail qui, posée contre le mur de briques, n’est pas sans rappeler leur forme. 

L’économie de moyens rejoint celle du geste. Celui-ci est maîtrisé et rentre toujours en dialogue avec l’espace, même si cela ne transparait que très peu. Vidéo : dessin d’Atelier franchit de ce fait une étape en inscrivant plus nettement le corps de l’artiste dans le lieu. Face à l’immensité de l’atelier, le corps se meut, s’affirme et marque de son empreinte et de sa présence l’espace en intervenant avec des gestes précis directement à même le mur. 

La résidence s’est terminée par la création d’un mini catalogue, retraçant l’évolution des œuvres durant les différentes phases d’expérimentation. Dessins, installations et édition – soit les axes privilégiés par l’artiste –  se sont donc rejoints pour matérialiser l’espace de réalisation et de projection tel qu’il fut pensé par Alex Chevalier au cours de ces trois mois.

Céline Eloy, Alex Chevalier, 2015

texte publié à l’occasion de la résidence aux RAVI, Liège